Prêts à passer en cuisine...heu au labo ...pour élaborer VOTRE propre recette de savon ?
Envie de fabriquer du savon SAPONIFIE A FROID ou simple curiosité, on gagne toujours à apprendre ;-)
INTRO
CORPS GRAS + SOUDE
=
SAPONIFICATION (réaction chimique)
=
SAVON (lave) + GLYCERINE (hydrate)
Simple !
On peut effectivement se contenter de mélanger de l'huile d'olive et de la soude et on obtiendra un magnifique savon de Castille ! Fin de l'histoire !
Bon, on va corser un peu…
Pour élaborer votre recette, trois éléments indispensables et qui peuvent suffirent ; un corps gras, de la soude et un liquide (pour diluer la soude).
On part sur une base de 1000g de corps gras pour nos calculs (eh oui un peu de maths)
1/UN PEU DE GRAS !
Les corps gras (huiles/beurres) n'ont pas tous les mêmes propriétés.
L'huile de coco apportera moussant et dureté, elle est quasi incontournable.
Pour faire simple (vous êtes débutants), équilibrer les huiles et les beurres (dont la coco) dans votre recette, vous obtiendrez ainsi un savon moussant et de bonne consistance.
EX de recette :
250g de coco
250g de karité
400g d'huile d'olive
100g d'huile d'amande douce
On a bien nos 1000g et un juste équilibre.
2/SAUPOUDREZ DE SOUDE…
Après avoir choisi vos corps gras, on calcule la quantité de soude nécessaire à leur saponification.
Pour du savon solide, on utilise de l'hydroxyde de sodium NAOH micro-perlé (à manipuler avec gants, lunettes, vêtements manches longues et masque à cartouches ou en extérieur). On trouve ça en magasin de bricolage (marque Spado par exemple).
Chaque huile, chaque beurre a un indice de saponification propre, il suffit de multiplier cet indice par la quantité de matière (ça c'est pour les matheux qui veulent s'y coller !) ou de compléter un tableau qui calculera tout, tout seul, comme celui dispo sur le site d'aromazone dont voici le lien Calculateur de saponification - Aroma-Zone
EX:
indice SAP pour la coco 0.183
pour notre recette on fera donc l'opération suivante
250*0.183=45.75
Il faudra donc 45.75g de soude pour saponifier 250g de coco vous y êtes ?
Bien sûr on renouvelle ce calcul pour chaque huile et beurre.
karité 250*0.128=32
huile d'olive 400*0.135=54
huile d'amande douce 100*0.139=13.9
on additionne tout ça
45.75+32+54+13.9=145.65
Il faudra 145.65 g de soude pour notre recette.
Mais comme en savonnerie artisanale on aime bien les savons surgras (riches et nourrissants) on vient réduire la quantité de soude afin qu'une partie des huiles reste à l'état d'huile et donc non saponifiée.
Perso, je surgraisse à 8%, voici donc le calcul
145.65(notre quantité de soude)*0.92(moins 8%)=133.99 g (je crois qu'on peut se permettre d'arrondir à 134 !)
Pour notre recette, si on souhaite un savon surgras à 8%, il faudra 134 g de soude.
3/DILUER TOUT CA !
Une fois que la quantité de soude est calculée il va falloir la diluer (eau, tisane, jus de fruit ou de légume, bière !!dégazéifiée!! si vous ne voulez pas tout faire péter, lait…)
Pour mélanger les deux éléments, toujours incorporer la soude dans le liquide
!! ET JAMAIS L'INVERSE !!
Instantanément ce mélange monte en température très élevée, c'est pourquoi il faut faire ça dans un bol à verre épais type pyrex qui résiste aux différences de températures, ne surtout pas inhaler ces vapeurs, elles sont toxiques !!
Délayer avec un fouet en plastique (rien de métallique) sous une hotte ou en extérieur et laisser refroidir.
La quantité de liquide s'estime en fonction des corps gras sélectionnés.
Elle est de 25 à 35 % (c'est à dire 250g à 350g de liquide pour 1000g de corps gras).
Pour une recette uniquement d'huiles on part sur 250g (si on met plus, le savon sera mou et le séchage ne sera pas optimal)
Pour une recette uniquement de beurres on part sur 350g
Pour notre recette équilibrée, on part sur… 300g... logique !!
Comme la montée en température (liquide + soude) est rapide et importante, si je dois incorporer un autre liquide que de l'eau (lait, jus) perso, je procède en deux temps.
1/ Je fais la lessive de soude (soude + eau) avec la quantité minimale d'eau (autant d'eau que de soude)
Pour notre recette il faudrait donc 134 g d'eau minimum
2/ J'incorpore la différence (on était parti sur 300g de liquide) donc
300-134=166 g
166 g de jus ou de lait en fin de préparation quand la température sera autour de 35°C (ainsi mon lait ne risque pas de tourner).
Inconvénient de cette méthode on ne met que 166g de lait sur 300g de liquide.
Si on souhaite mettre 300g de lait il faudra le congeler la veille et le travailler sous forme de glaçons afin de limiter la montée en température.
Ces premières explications suffisent à élaborer une recette de savon simple et qualitatif.
A ce stade trois possibilités ;
1/ vous êtes découragés, finalement, fabriquer son savon est trop contraignant et ne vous semble pas si simple, vous ne vous sentez pas de vous y mettre ! Pas de problème, des savonniers professionnels font ça très bien et se chargeront avec plaisir de fabriquer pour vous !!
2/ Pas impressionnés, mais la tête farcie d'un trop plein d'explications, vous allez mettre en pratique ces débuts mes votre lecture s'arrêtera là pour aujourd'hui, à chaque jour suffit sa peine !
3/ curieux, de nature plutôt téméraire vous voulez en savoir plus, maintenant que vous y êtes, autant aller au bout des explications, advienne que pourra !
Continuons donc de parler "recette" avec les "additifs" (naturels bien sûr) dont les fonctions sont différentes et variées…mais non indispensables (vous l'aurez compris) à l'élaboration d'un savon (qui lavera et hydratera même sans!)
Alors pourquoi faire ?
4/POUR PARFUMER
A l'état "brut" un savon ne sent pas ou peu.
Les huiles perdent leur odeur avec la saponification, seuls quelques beurres arrivent à garder un léger parfum (beurre de cacao ou beurre de karité vierge).
Personnellement je préfère, mais on ne va pas se mentir, beaucoup de consommateurs associent savon et odeur (comme si c'était logique).
Alors, pour répondre à la demande, les savons sont souvent parfumés.
Il existe plusieurs façons de s'y prendre, mais, comme je ne souhaite parler que des techniques naturelles, le seul moyen à disposition sera d'ajouter des huiles essentielles (véritable concentré de principes actifs et olfactifs).
Bien que naturelles, les huiles essentielles contiennent des allergènes, ne jamais dépasser 3% (soit 30g pour 1000g) dans la recette.
Elles ne tiennent pas toutes la saponification et ne sont pas toutes "inoffensives", voici une liste d'huiles essentielles bien tolérées dans les produits rincés tels que les savons et dont l'odeur reste malgré la saponification : menthe, cèdre, patchouli, lavandin, eucalyptus, romarin, cyprès…
5/POUR COLORER
Là encore, aucune obligation, seulement le souci du visuel !
Il existe plusieurs façons de colorer un savon (au naturel toujours !)
A retenir qu'une couleur trop franche ne peut qu'être douteuse, ou, en tous cas, non obtenue uniquement de façon naturelle (on oublie le violet féerique, le rouge cerise et autre bleu turquoise !)
Les plantes sous forme de tisane ex: la tisane de fleurs de coquelicots (rose pale), en poudre ex: la poudre d'ortie ou de spiruline (vert), en jus ex: jus de carotte (magnifique orange) ou encore leur extrait naturellement teintant ex: l'indigo (bleu)
Le miel donne une belle teinte de caramel (jusqu'à 3% dans la recette)
Les argiles verte, blanche, rouge, jaune il en existe plein, elles colorent d'une teinte pastelle, mais pas que, elles purifient et "fixent" un savon (constat personnel).
Je les utilise largement pour toutes ces fonctions, jusqu'à 3%.
Le charbon aussi est intéressant, il colore, selon la quantité, d'un gris au noir et a également une fonction purifiante.
6/POUR EXFOLIER
Une fonction particulièrement appréciée dans le savon, qui, du coup, en plus de laver et hydrater gommera les peaux mortes (il fait vraiment tout, comment peut-on se laver au gel douche !)
Là encore, il y a le choix, voici mes trois préférés ;
La graine de pavot petite et bien ronde, elle exfolie en douceur sans irriter la peau et passe inaperçue.
Le son d'avoine parfait pour les peaux "sensibles" il confère un gommage ultra doux et là encore pas de trace dans le bac à douche !
Le sel et avant toute chose, NON le sel dans le savon ne gratte pas ! Il adoucit la peau, donne un savon dur qui exfolie, là encore, en douceur grâce à ses cristaux qui fondent doucement à force d'utilisation.
En voici deux de plus, testés mais NON APPROUVES !
Le fleur de bruyère je suis sortie comme lacérée de la douche !! (je marque vite mais quand même !)
La fleur de lavande qui n'exfolie pas (trop molle) et souille la douche !
7/POUR DECORER
Une pratique courante en savonnerie "le topping" (pour ceux qui ne sont pas bilingues, comme en pâtisserie, il s'agit de l'art de décorer le dessus d'un savon).
Pour ce faire on appose (enfin je dis "on", perso, je ne m'adonne pas à cette pratique) sur le dessus de la barre de savon des incrustations (fleurs, feuilles séchées, graines, épices, poudres, fruits séchés).
C'est joli, c'est même très joli, mais ça ne sert à rien d'autre qu'à être joli (j'aime les ingrédients utiles) et surtout si vous voulez mon avis, ça n'est pas pratique ! La face incrustée est inutilisable sous la douche (trop d'aspérités, la peau en est irritée) et toutes ces incrustations se retrouvent immanquablement dans votre bac à douche (et là c'est la ménagère qui parle !)
Autre possibilité pour "faire du beau", incruster des éléments dans la pate à savon avant de la mouler.
J'aime bien le pétale de calendula ou souci (c'est pareil) petit, léger et en toute petite touche, c'est joli et non contraignant.
Vous voilà parés pour élaborer vos propres recettes.
Je vous proposerai dans un prochain article, les différentes étapes de fabrication.
Vous deviendrez ainsi des "savonniers en herbe".
Et en attendant d'en fabriquer, si vous cherchez des savons saponifiés à froid BIO il n'y a qu'à cliquer.
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